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DANS LE PASSÉ

Socrate, Platon et Aristote sont trois des philosophes les plus influents de l'histoire occidentale. Leurs idées ont façonné de nombreux aspects de la pensée occidentale, y compris la notion du "bien commun".

Socrate (469-399 av. J.-C.) Socrate est considéré comme le père de la philosophie occidentale. Il n'a laissé aucun écrit, et la plupart de ce que nous savons sur lui vient des œuvres de ses élèves, en particulier de Platon. Socrate est célèbre pour sa méthode de dialogue, la maïeutique, qui consiste à poser des questions pour amener son interlocuteur à réfléchir et à reconnaître ses propres erreurs de raisonnement. Il cherchait la définition des concepts moraux tels que la justice, la vertu et le bien. Bien que Socrate n'ait pas directement parlé du "bien commun", son approche de la justice et de l'éthique a posé les bases des discussions ultérieures sur ce sujet.

Platon (428/427-348/347 av. J.-C.) Platon était l'élève de Socrate et le maître d'Aristote. Dans ses dialogues, il présente souvent Socrate comme personnage principal. Son œuvre la plus connue, "La République", explore entre autres la question de la justice et de l'État idéal. Platon y décrit sa vision de l'État idéal comme une société structurée hiérarchiquement et gouvernée par des philosophes-rois. Il y aborde explicitement la notion de "bien commun", que l'État doit poursuivre en plaçant les intérêts de la communauté au-dessus des intérêts individuels. Pour Platon, le "bien" est une forme idéale et éternelle, la source de toute réalité et moralité.

Aristote (384-322 av. J.-C.) Aristote, élève de Platon, s'est écarté de l'idéalisme de son maître pour adopter une approche plus empirique et pratique. Dans son œuvre "Politique", Aristote traite de l'organisation de la cité et du bien commun. Pour lui, le "bien commun" est lié au concept de "bonheur" (eudaimonia), qui est le but ultime de la vie humaine. Il considère que l'État doit promouvoir le bien commun en créant les conditions permettant à ses citoyens de vivre une bonne vie, c'est-à-dire une vie vertueuse selon sa doctrine de la juste mesure.

Le "bien commun" dans la pensée de ces philosophes est donc une notion qui concerne la vie en société et la façon dont les institutions devraient être organisées pour promouvoir la justice et le bien-être de tous. Bien que leurs conceptions diffèrent, elles ont en commun la recherche d'une forme de vie sociale harmonieuse où les individus peuvent atteindre leur plein potentiel et contribuer à la prospérité de la communauté.

 

Le concept du bien commun est un sujet central en philosophie sociale et politique et a été abordé par de nombreux penseurs à travers l'histoire. Voici quelques-uns des auteurs les plus notables qui ont écrit sur le bien commun :

  1. Saint Augustin : Bien que sa conception soit plus théologique que celle d'Aristote, Saint Augustin a parlé de la paix comme étant le bien commun dans "La Cité de Dieu".

  2. Saint Thomas d'Aquin : Comme mentionné précédemment, Saint Thomas a considérablement développé la notion du bien commun dans le cadre de sa synthèse thomiste de la philosophie aristotélicienne et de la théologie chrétienne.

  3. Jean-Jacques Rousseau : Dans "Du contrat social", Rousseau introduit l'idée de la "volonté générale", qui représente le bien commun de la société. Pour lui, la légitimité du gouvernement dépend de sa capacité à représenter et à servir cette volonté générale.

  4. G.W.F. Hegel : Dans sa philosophie de l'histoire et sa philosophie du droit, Hegel aborde l'idée de l'Esprit universel et de la manière dont il se manifeste dans l'État, qui est le véhicule du bien commun pour lui.

  5. Jacques Maritain : Philosophe chrétien du XXe siècle, Maritain a écrit sur le bien commun dans le contexte d'une philosophie personnaliste, où la dignité de l'individu et le bien de la communauté sont étroitement liés.

  6. John Rawls : Dans "Une théorie de la justice", Rawls introduit l'idée de "la position originelle" pour déterminer les principes de justice. Il considère que les structures sociales et économiques doivent être conçues de manière à bénéficier à tous, en particulier aux plus défavorisés.

  7. Charles De Koninck : Comme mentionné ci-dessous, De Koninck, dans le contexte thomiste, a réfléchi profondément sur la nature et la primauté du bien commun.

  8. Pape François : Dans des documents tels que "Laudato Si'", le Pape François aborde le bien commun dans le contexte des défis écologiques et sociaux contemporains.

 

Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) est un des plus grands philosophes et théologiens du Moyen Âge. Ses contributions à la pensée chrétienne et à la philosophie occidentale sont vastes, et l'une de ses préoccupations majeures était la nature du bien commun et son rôle dans la société.

Pour comprendre la notion de "bien commun" chez Saint Thomas, il est nécessaire de la replacer dans le contexte de sa philosophie morale et politique. Voici quelques points clés :

  1. Définition du bien commun: Pour Saint Thomas, le bien commun est la somme des conditions sociales permettant aux personnes, soit individuellement, soit en groupe, de réaliser leur perfection de manière plus complète et plus aisée.

  2. La primauté du bien commun: Dans la philosophie thomiste, le bien commun est préférable au bien individuel. La raison en est que le bien de la communauté est un bien plus divin que le bien de l'individu.

  3. La politique et le bien commun: Selon Saint Thomas, le rôle principal de l'État et des dirigeants est de promouvoir et de sauvegarder le bien commun. Les dirigeants doivent régler leurs actions en fonction de l'intérêt commun et non de leurs intérêts personnels.

  4. L'éthique et le bien commun: Le bien commun n'est pas seulement une question politique pour Saint Thomas. C'est aussi une question morale. Les individus ont la responsabilité morale de contribuer au bien commun. Ce concept s'appuie fortement sur la notion chrétienne d'amour du prochain.

  5. Relation avec la loi naturelle: Saint Thomas croit en la loi naturelle, une loi inscrite dans le cœur de chaque être humain. Cette loi naturelle est orientée vers le bien commun. C'est pourquoi, lorsqu'une loi humaine va à l'encontre de la loi naturelle, elle est considérée comme injuste.

  6. La propriété privée et le bien commun: Bien que Saint Thomas reconnaisse le droit à la propriété privée, il insiste sur le fait que celle-ci doit toujours servir le bien commun. La propriété privée est un moyen de garantir la dignité et la liberté individuelles, mais elle doit être utilisée de manière à bénéficier à la société dans son ensemble.

 

La pensée de Saint Thomas sur le bien commun est influente et continue d'être étudiée et débattue aujourd'hui, notamment dans les cercles de la philosophie sociale chrétienne. Elle offre une vision intégrée de l'individu et de la société, où le bien de la communauté et le bien de l'individu sont interdépendants.

 

Charles De Koninck (1906-1965) est un philosophe canadien de renom qui a fait d'importantes contributions à la tradition thomiste, particulièrement dans les domaines de la philosophie de la nature et de la philosophie sociale. L'un de ses écrits les plus connus et les plus débattus concerne précisément la notion du bien commun, et il a joué un rôle significatif dans le débat du XXe siècle sur cette question.

Dans son ouvrage "De la primauté du bien commun contre les personnalistes", De Koninck argumente contre une interprétation du bien commun qui le réduirait à n'être qu'un simple instrument au service des biens individuels. Pour lui, le bien commun n'est pas seulement une somme de biens individuels, mais il a une réalité propre qui le transcende.

Voici quelques points clés de sa pensée sur le bien commun :

  1. Primauté du bien commun : De Koninck insiste sur la primauté du bien commun sur les biens particuliers des individus. Cela ne signifie pas que les biens individuels sont sans valeur ou qu'ils doivent être sacrifiés arbitrairement pour le bien commun, mais que le bien de la communauté est objectivement plus élevé.

  2. Critique des personnalistes : De Koninck critique certains courants personnalistes de son époque qui, selon lui, ont mal interprété la doctrine thomiste du bien commun en la subordonnant aux biens individuels.

  3. Le bien commun et la personne : Même si De Koninck souligne la primauté du bien commun, il ne néglige pas la dignité de la personne humaine. La personne, par nature, est ordonnée au bien commun, car c'est dans la participation au bien commun que la personne trouve sa pleine réalisation.

  4. Le bien commun universel : Pour De Koninck, le bien commun le plus élevé auquel les humains peuvent participer est le bien commun universel, c'est-à-dire la vision béatifique de Dieu. Ce bien est supérieur à tous les biens terrestres et est la fin ultime de la vie humaine.

  5. Rôle de l'État : De Koninck pense que l'État, tout en respectant les principes de subsidiarité, a le rôle de promouvoir et de protéger le bien commun. Cependant, il met en garde contre une conception étatiste qui sacrifierait indûment les biens individuels pour un prétendu "bien commun".

  6. L'individu et la société : Dans la vision de De Koninck, l'individu et la société ne sont pas en opposition. Au contraire, l'individu trouve sa pleine réalisation dans la participation au bien commun. Cela contraste avec certaines visions modernes qui voient souvent une tension inhérente entre les droits individuels et les exigences de la société.

  7. Contre l'individualisme : De Koninck critique l'individualisme qui voit le bien commun comme une menace pour la liberté individuelle. Pour lui, une telle vision est basée sur une fausse compréhension de la nature humaine et du bien commun. Il considère que l'individualisme exagéré et le collectivisme sont deux erreurs opposées : l'une nie l'importance de la société pour l'individu, tandis que l'autre nie la valeur unique et la dignité de chaque personne.

  8. Subsidiarité : Bien que De Koninck insiste sur l'importance du bien commun, il reconnaît également l'importance du principe de subsidiarité. Cela signifie que les problèmes doivent être traités au niveau le plus bas possible, le plus proche des personnes concernées. Les niveaux supérieurs de gouvernement ne doivent intervenir que lorsque cela est nécessaire pour le bien commun et lorsque les niveaux inférieurs ne peuvent pas répondre adéquatement.

  9. La question du totalitarisme : Dans le contexte du XXe siècle, marqué par la montée de régimes totalitaires, De Koninck a été préoccupé par la façon dont le bien commun pouvait être mal compris ou manipulé pour justifier des atteintes à la dignité et à la liberté humaines. Pour lui, une véritable compréhension du bien commun est toujours respectueuse de la dignité de chaque personne.

  10. L'influence de De Koninck : Les écrits de De Koninck sur le bien commun ont eu une influence durable dans les cercles de la philosophie sociale catholique. Bien que certains de ses arguments aient été controversés, son engagement à approfondir et à clarifier la notion de bien commun a contribué de manière significative au débat philosophique et théologique.

 

En conclusion, la pensée de Charles De Koninck offre une vision nuancée et profonde du bien commun, qui cherche à équilibrer les exigences de la communauté avec la dignité et les droits des individus. Sa contribution est un rappel de l'importance de continuer à réfléchir sur la meilleure façon de vivre ensemble en tant que société.

Ce ne sont que quelques-uns des nombreux penseurs qui ont abordé la question du bien commun. Le concept a été et continue d'être central à la fois en philosophie et en théologie, reflétant son importance pour la compréhension de la vie sociale et politique.

 

Le bien commun est un thème récurrent dans la pensée philosophique et théologique à travers l'histoire. Voici la continuation de quelques autres penseurs et courants de pensée qui ont abordé le sujet :

  1. Pape Jean-Paul II : Dans ses encycliques comme "Centesimus Annus" et "Sollicitudo Rei Socialis", Jean-Paul II a exploré le bien commun dans le contexte de la doctrine sociale de l'Église, en soulignant l'importance de la solidarité et de la subsidiarité.

  2. Hannah Arendt : Dans son travail sur la nature de la puissance, la révolution et la démocratie, Arendt a évoqué l'importance de la participation active des citoyens à la vie politique comme un moyen de réaliser le bien commun.

  3. Alasdair MacIntyre : Ce philosophe contemporain, bien que critique de nombreuses tendances modernes, a discuté du bien commun dans le cadre de ses réflexions sur la vertu et la tradition.

  4. Michael Sandel : Dans son ouvrage "Justice: What's the Right Thing to Do?", Sandel explore différentes conceptions de la justice, dont certaines sont étroitement liées à la notion de bien commun.

  5. Jürgen Habermas : Bien qu'il s'exprime dans un langage différent, Habermas, dans sa théorie de l'agir communicationnel, se penche sur la manière dont une société démocratique peut atteindre un consensus qui reflète le bien de tous ses membres.

  6. Thomas Hobbes : Dans le "Léviathan", Hobbes explore l'idée du contrat social, fondé sur la nécessité d'assurer la paix et la sécurité, ce qui peut être considéré comme une forme de bien commun, bien que motivé principalement par l'auto-préservation.

  7. John Locke : Dans ses "Two Treatises of Government", Locke présente une vision du gouvernement fondée sur la protection des droits naturels, notamment la vie, la liberté et la propriété, ce qui, à son avis, sert le bien commun.

  8. Comte-Sponville : Philosophe contemporain français, Comte-Sponville a parlé du bien commun dans le contexte de l'éthique et la morale, en particulier dans ses réflexions sur l'athéisme et la spiritualité.

  9. Emmanuel Mounier : Fondateur du personnalisme, Mounier a mis en avant l'importance de la personne humaine tout en reconnaissant l'importance du bien commun.

  10. Communautariens : Des penseurs comme Charles Taylor, Michael Walzer, et Amitai Etzioni, associés au mouvement communautarien, ont mis l'accent sur la primauté de la communauté et du bien commun face à une vision excessive de l'individualisme.

  11. Amartya Sen : Économiste et philosophe, Sen a développé le concept de "capabilités" pour évaluer le bien-être et la justice sociale. Pour lui, une société qui promeut le bien commun est celle qui élargit la capacité de ses membres à mener une vie qu'ils ont des raisons de valoriser.

  12. Robert Putnam : Dans "Bowling Alone", Putnam explore le déclin du "capital social" en Amérique. Il argumente que le bien commun est menacé par la diminution de l'engagement civique et des associations communautaires.

  13. John Dewey : Philosophe pragmatiste, Dewey a conçu l'éducation comme un moyen de promouvoir le bien commun en préparant les individus à participer activement à la vie démocratique.

  14. Édouard Bertrand : Économiste et philosophe français, Bertrand a exploré l'interaction entre économie et éthique, en se concentrant sur le rôle de l'économie dans la promotion du bien commun.

  15. Benedict Anderson : Bien qu'il ne parle pas explicitement du "bien commun", Anderson dans "L'Imaginaire national" explore comment les communautés s'imaginent comme des entités cohérentes, ce qui implique une certaine notion du bien commun.

  16. Ivan Illich : Critique des institutions modernes, Illich a soutenu que de nombreuses institutions, plutôt que de servir le bien commun, finissent par s'auto-perpétuer au détriment de l'autonomie et du bien-être des individus.

  17. Elinor Ostrom : Elle a étudié comment différentes communautés gèrent les "biens communs" (comme les ressources naturelles) de manière durable sans intervention centrale, remettant en question l'idée que seule la privatisation ou la régulation gouvernementale peuvent éviter la surexploitation de ces biens.

  18. Pape Benoît XVI : Dans "Caritas in Veritate", Benoît XVI réfléchit sur le bien commun dans le contexte de la mondialisation et des défis économiques contemporains, en insistant sur l'importance de la charité et de la vérité.

  19. Penseurs libéraux classiques : Bien que des philosophes comme Adam Smith, David Hume, et John Stuart Mill n'aient pas nécessairement utilisé le terme "bien commun", leur réflexion sur la société, l'économie et la morale a des implications sur la manière dont le bien-être collectif est conçu et promu.

 

Ce sujet du "bien commun", en raison de son importance intrinsèque pour la compréhension des sociétés humaines, a toujours suscité un vif intérêt parmi les penseurs de toutes les époques. La variété des approches témoigne de la complexité et de la profondeur de la question du bien commun dans la pensée humaine.

La richesse et la diversité des réflexions sur le bien commun témoignent de l'importance centrale de cette notion dans la philosophie politique et sociale. Le bien commun, en tant que concept, a traversé les frontières disciplinaires et culturelles, et chaque penseur apporte une nuance différente à sa compréhension. L'importance persistante de cette notion reflète la préoccupation humaine constante pour la justice, la solidarité et le bien-être de la communauté dans son ensemble.

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